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AGRICULTURE PAYSANNE
10.12.2020

Paysan·ne ou agri-manager ?

27.11.2020 - Neuville-les-Dames.
Alors que nos dirigeants encouragent la souveraineté technologique sous l’angle du toujours plus connecté et robotisé, l’Atelier Paysan nous propose une autre manière d’y réfléchir et d’agir.

Après 55 années de bons et loyaux services, notre tracteur Porshe attend d'être adopté par un collectionneur. En son hommage, j'ai assisté dans l'Ain à la formation du 27 novembre dernier, proposée par l'Atelier Paysan et animée par Hugo Persillet, dont le thème était « Renforcer la résilience de sa ferme par l'autonomie technique »

L'Atelier Paysan, c'est quoi exactement ?

C'est une Société Coopérative d'Intérêt Collectif à but non lucratif dans laquelle la gouvernance est partagée entre salariés et paysans. L'idée a émergé à la fin des années 2000 avec un groupe de maraîchers. Leur finalité ? Construire avec peu de moyens des outils complètement adaptés à leur ferme qu'ils pouvaient réparer eux-mêmes. Une fois l'outil créé, le breveter ou le partager ? L'Atelier Paysan s'est inscrit dans l'esprit de l'éducation populaire avec à ce jour plus de 80 tutoriels gratuits de matériel ou de bâtiment auto-construit, 22 salariés et 7 fourgons d'atelier mobile.
 

L'histoire du progrès technique et ses conséquences en très, très résumé?

Depuis le néolithique, les paysans, tout comme les artisans, créent leurs propres outils. A partir de la révolution industrielle du 18è siècle et la chaleur comme source d'énergie, les ingénieurs remplacent petit à petit les outils par des machines qui n'appartiennent plus aux travailleurs mais aux investisseurs et aux banquiers. Entraînant la disparition progressive des artisans et la diminution inquiétante des agriculteurs.

La souveraineté technologique vue par l'Atelier Paysan et partagée par la Confédération paysanne ?

La pire chose est de penser que la technique est neutre et que nous sommes libres d'en faire un bon usage ou pas. La vraie souveraineté, qu'elle soit alimentaire ou technologique, est une souveraineté de choix. Et chaque choix est lié à un système. Et tout  système est politique. Le projet d'agriculture paysanne ne critique pas la machine en tant qu'objet mais bien le système dans lequel elle s'inscrit. L'Atelier Paysan prône une technique qui diminue la pénibilité tout en permettant de garder une autonomie… en d'autres mots la maîtrise de l'outil et non l'asservissement à la machine.

Il est illusoire d'afficher une volonté de paysans nombreux et en parallèle de favoriser le suréquipement (avantages fiscaux, aides du plan de relance…) !

La vraie question à se poser est « dans quel monde voulons-nous vivre ? »

Je rappelle la formation proposée depuis plusieurs années par l'Addear 01 et animée par Alain Millet, un des paysans fondateurs de la Conf 01 (et retraité toujours actif à nos côtés !) : « les bases de la mécanique - ou comment gagner en autonomie sur l'utilisation et la gestion des outils de base sur une ferme ».

A quand une sensibilisation pratique (et philosophique) autour du machinisme dans les écoles agricoles ? Voire une formation à la construction d'outils ? A quand une antenne d'Atelier Paysan dans l'Ain ?

 

Anne Storrer, paysanne à Bâgé-Dommartin


Crédits photos : © Conf' 01
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