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PORTRAIT
27.06.2020
La ferme de Pascal Deroche, une ferme bio en terrain inondable
27.06.2020 -
Entre la Petite Veyle et la Grande Veyle, Pascal Deroche a repris en 2001 la ferme de ses oncles. Rencontre avec celui qui parle de « l’Agriculture, avec ses différences, ses indifférences et ses injustices ».
La « ferme bio typique »
Les oncles de Pascal fonctionnaient avec ce qu'il décrit comme « la ferme bio typique » : une production laitière de 20 000 litres, un petite production de pain, quelques bêtes…
Quand Pascal s'installe en 2001, les 35 hectares de terre de la ferme sont en agriculture biologique depuis 1973. A près de 40 ans, il se reconvertit donc pour reprendre une ferme familiale qui allait partir à l'agrandissement. Fils de paysan, il revient à la terre peu de temps après son frère, qui a repris la ferme voisine, celle de leurs parents, trois ans plus tôt. Il se spécialise rapidement après son installation en vaches allaitantes et se met aux normes en 2003 en construisant un bâtiment.
Aujourd'hui, le parcellaire de la ferme excède légèrement 100 hectares. 90 hectares sont en herbe et 10 hectares sont cultivés (7 en céréales et 3 en maïs). Les parcelles en herbe servent à faire du foin en balle ronde et de l'enrubanné, afin de libérer les prairies au plus tôt. La localisation de ces terres en zone inondable impose cette organisation. Le troupeau quant à lui est composé d'une cinquantaine de charolaises et d'une dizaine de montbéliardes. Pascal est en EARL* avec son frère. S'ils travaillent majoritairement chacun sur leur ferme respective, ils s'entraident à chaque pic d'activité et accueillent des stagiaires dans la mesure du possible.
La commercialisation est effectuée à l'aide de trois autres éleveurs bio du département. Regroupés tous les quatre en association depuis 2004, ils vendent ainsi en direct toutes les trois semaines un veau de lait et un gros bovin issu de l'une des quatre fermes. Une partie de ses bêtes est également commercialisée avec UNEBIO, ainsi qu'avec un boucher, partenaire depuis 2001. Cependant, Pascal constate une diminution du débit de viande, et voit ainsi le nombre de bêtes vendu par cet intermédiaire diminuer également. Cette diminution de la consommation de viande est liée à une évolution de société pour Pascal. Évolution qui l'amène à se questionner sur sa ferme dans le futur. Y-aura t-il encore de l'élevage demain ? Est ce que le système extensif de la ferme telle qu'elle est aujourd'hui intéressera quelqu'un demain ?
« La défense d'un bien commun »
Le système extensif herbe et foin de Pascal s'inscrit dans une démarche de protection de l'environnement qui l'entoure. Avec un parcellaire situé entre la Veyle et son defluent la Petite Veyle, les champs de la ferme sont sujets à un risque d'inondation. De plus, en 2012, une décision préfectorale inclut 60 hectares de la ferme de Pascal dans un arrêté préfectoral de protection de biotope de plus de 750 hectares.
Pascal a une fibre écologiste et est pour cet arrêté : « on défend un bien commun, aussi bien pour les gens qui exploitent que pour les gens qui vivent autour ». Cela influence ses méthodes et lui permet d'être en accord avec ses valeurs.
Jusqu'à présent, les aides au maintien en agriculture biologique représentaient un tiers des aides perçues par Pascal. Leur perte, survenue sans avertissement ni justification, est incompréhensible pour lui.
« On a tous du mal à comprendre »
En effet, pour Pascal, les aides au maintien en agriculture biologique sont essentielles pour faire perdurer des systèmes comme le sien, et plus généralement des systèmes biologiques. La disparition de ces aides, « venue comme un couperet » pose deux problèmes : dans un premier temps, l'absence d'explication ne permet pas de connaitre la cause de cet arrêt et dans un second temps, cette perte pénalise l'agriculture biologique de manière générale : »on a tous du mal a comprendre, on ne nous donne pas de raison, on ne sait pas où va partir l'argent qui nous était destiné. Est-ce budgétaire? Juste, pourquoi ? »
Un temps avant la transmission
S'il s'interroge sur l'avenir, Pascal a le sentiment d'avoir commencé à travailler hier et compte travailler encore quelque temps avant de se poser des questions sur la transmission de sa ferme.
Crédits photos : © Pascal Deroche